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Portraits de nos Poilus de 14/18 et Hambye 1940/1944

Portrait des combattants de 14/18 de mon village 50450 Hambye. Evénements à la libération et pendant l'occupation allemande à Hambye, Saint-Denis-le-Gast, Gavray.

Ernest LEVILLY

Ernest LEVILLY Combattant de 14/18


 

Le 22 août 1914 il est fait prisonnier à Rossignol, en Lorraine belge dans les Ardennes lors de la bataille des frontières. Il fait partie du 1er RIC qui a quitté Cherbourg le 7 août pour rejoindre la 3éme Division Coloniale en Belgique.

Sous un soleil de plomb, comme des milliers de soldats tout juste mobilisés, épuisés par des jours de marche forcée dans leur pantalon rouge garance, il va connaître son baptême du feu. Une terrible bataille s’engage, sur une quinzaine de kilomètres l’affrontement sera du plus violent…Ce n’est qu’à la nuit tombée , ce 22 août, que le 1er RIC décimé se replie en défendant chaque arbre , chaque buisson, ayant épuisé la totalité de ses munitions, réduit à quelques hommes… Il sera fait prisonnier, ils seront 5000 regroupés en soirée et le lendemain à la sortie nord de Rossignol au lieu dit « Camp de la misère » et envoyé le 25 août en Allemagne dans le camp d’internement : Ohrdruff. La 3éme Division d’Infanterie Coloniale, dont le 1er RIC fait partie, ne compte plus que 400 hommes au lieu des 6800 du 22 août au matin.

Il passera 4 ans en Allemagne, il rejoint la France par la Suisse le 8 décembre 1918, il est rapatrié vers le dépôt de Rennes.

Sur sa fiche matricule nous lisons son signalement ; « Cheveux et sourcils châtains ; yeux roux, front ordinaire, nez petit, bouche moyenne, menton rond, visage ovale, taille 1 mètre 64 centimètre. »

Il fait son service militaire dans les Zouaves en Algérie du 10/08/1908 au 24/09/1911, soit trois années sans permission. Il revient 1er classe avec un certificat de bonne conduite.

Ernest, Jules, Alfred naît le 20 janvier 1888 au village de la Gaulnière à Hambye de Auguste Levilly 32 ans cultivateur et de Virginie Vimont 30. Ans. Les témoins en mairie sont Gustave Saugrain 43 ans Instituteur et Auguste Michel 54 ans Garde-champêtre.

Il se marie avec Angèle Olympe Moricet. Ils n’auront pas d’enfants.

Angèle s’est mariée une première fois avec Louis Bosquet le 7 octobre 1908, elle avait 18 ans lui 27 ans. Ils auront trois filles : Aline en 1910 mariée à Eugène Lecoeur, Lucie en 1911 mariée à Jules Lecoeur, elle meurt en couches de Gérard en 1936 et Madeleine en 1912 décède peu de temps après sa naissance.

Louis était un homme dur il meurt en 1913 il a 32 ans.

En secondes noces, elle épouse Ernest.

A son retour de la guerre il vit chez sa mère Virginie, il est journalier agricole, il se fait embaucher par Angèle, jeune veuve, pour tenir la ferme. Ils s’estiment, ils se marient le 20 septembre 1920. Ernest était un homme calme, prévenant, taiseux et travailleur. Ils formeront un couple attachant et apprécié de tous.

Dans les années 40 ils auront comme petit commis Pierre Bossard, un garçon dévoué et pieux. Il entre au séminaire des vocations tardives et sera ordonné prêtre en 1957, il parlera de Angèle et de Ernest avec beaucoup d’affection, « ses seconds parents »

Tous les deux, en 1960, vont mourir la même semaine, elle subitement au retour de l’enterrement de son mari.

Tout brillait dans la maison les cuivres, la table, le banc, pas un meuble manquait de cire, nulle poussière… Ils possédaient une voiture à cheval tout l’attelage sentait le cuir, les roues avaient un revêtement en caoutchouc, la carriole était rutilante et belle.

 

 

 

Revenons au 22 août 1914 à ROSSIGNOL

 

Le Carnet de guerre Louis Livache sous lieutenant au 3éme Régiment d’Infanterie Coloniale témoigne

 

« Le terrain à parcourir était constitué par des prairies séparées par des clôtures de fil de fer et de petits fossés servant à l'écoulement des eaux. C'est en franchissant l'une de ces clôtures que j'ai été grièvement blessé.

Par chance, je suis tombé dans l'un de ces petits fossés où j'étais à l'abri des balles qui passaient à quelques centimètres au-dessus de moi. Je perdais mon sang en abondance. L'eau du fossé en était toute rougie. (...) »

« Il était environ une heure de l'après-midi et le combat a continué jusqu'au crépuscule. Les tirailleurs allemands ont alors progressé dans la direction de l'endroit où je me trouvais, au milieu d'autres blessés.

M'ayant aperçu, ils se sont dirigés vers moi. Il avait été dit que les Allemands achevaient les blessés.

Ils ne m'ont fait aucun mal. Ils m'ont seulement pris mon revolver, c'était normal. »

 

 

 

J.M.O

 

Le 1 er RIC, selon son journal, passe une très dure journée ; L’ensemble du dispositif s’avance à découvert et se trouve bloqué par un tir nourri en provenance de tranchées ennemies dissimulées dans les bois. Trois quarts des effectifs sont tués ou blessés. Une contre attaque à la baïonnette s’organise vite décimée. L’équivalent de 10 compagnies de combat reflue en désordre. Le commandement décidé arrive à bloquer la débandade et donne ordre, malgré l’intensité du feu de repartir à l’avant jusqu’à 50 mètres des lignes ennemies au prix de lourdes pertes.

Le 1er RIC décimé et menacé d’enveloppement doit se replier.

Dans l’après-midi un effort suprême fut tenté pour reporter les hommes en avant. Les clairons sont rassemblés sur la route, le drapeau et la garde se placent derrière. Un combat féroce s’engage avec de nombreuses pertes en vie humaine. Il faut se rendre à l’évidence tenir n’est plus possible. L’ensemble de la troupe encore debout reflue avec des pertes sérieuses causées par le feu ennemi nourri et ajusté.

En soirée un appel en renfort du Colonel bloqué dans la forêt oblige l’envoi d’une cinquantaine d’hommes à leur secours. Dix minutes après tous débouchent en courant, il faut battre en retraite.

Encerclé complètement, le drapeau du régiment est enterré, chacun comme il peut se sauve sous la mitraille et par une marche forcée très pénible dans la forêt franchit les avant-postes allemands.

A Alizy ce qui reste du régiment rejoint le 2éme RCI.

Les pertes sont énormes, le PC du régiment, les chevaux des officiers, l’ambulance, les sections de mitrailleuses étant restés aux mains de l’ennemi.

 

Ernest, lui, dans cette échauffourée terrible est fait prisonnier.

 

De ces combats le 1 RIC composé au départ de Cherbourg de 70 officiers et 3300 hommes de troupe il reste : 12 officiers et 350 hommes de troupe.

 

 

Au mois d’août 1914, au début de la Première Guerre mondiale, l’armée française est engagée dans des premiers combats lors de la bataille des frontières, le long de la Belgique et de l’Allemagne. Le 22 août, elle connaît la pire journée de son histoire. En l’espace de quelques heures, près de 27 000 soldats tombent au champ d’honneur.

 

FRANCE 24 : Que s’est-il passé exactement au cours de cette journée du 22 août 1914 ?

 

Jean-Michel Steg : Les mois les plus meurtriers de la guerre sont les premiers mois, entre août et octobre 1914. Les soldats tombent à un rythme à peu près trois fois plus élevé qu'à Verdun. Il y a beaucoup de raisons à cela. La première est qu’il y a beaucoup de gens qui se battent au même moment. On mobilise un nombre incroyable de soldats les uns contre les autres. Ils sont plusieurs centaines de milliers de soldats exposés au feu le 22 août.

Il y avait cinq armées en France qui étaient disposées d’Est en Ouest, entre l’Alsace, la Lorraine, les Ardennes et la Belgique. Par un concours de circonstances, ces cinq armées se sont retrouvées au combat ce jour-là. Il y a eu des centaines de milliers de soldats qui se sont battus dans une quinzaine d’engagements distincts, sans coordination. À chaque fois, pour diverses raisons, les Français ont laissé beaucoup de terrain et beaucoup de gens parce qu’ils étaient mal équipés pour des batailles de rencontre, et parce qu’ils utilisaient mal leur artillerie. Il y a des choses qu’ils n’avaient pas encore intégrées au début de la guerre et qui leur ont coûtées en termes de mortalité. Il y avait aussi un corps d’officiers extrêmement courageux qui croyait au sacrifice et qui ne reculait pas alors qu’il aurait dû le faire. ….

Du 20 au 26 août, au cours de la phase terminale de la bataille des frontières, qui se déroule le long des frontières franco-belge et franco-allemande, les Français sont chassés de la vallée de la Sambre, de la forêt des Ardennes et du bassin lorrain au prix de pertes effroyables : près de 100 000 morts au mois d'août, qui, avec septembre 1914, sera le mois le plus meurtrier de la première guerre mondiale. Le soir du 22, les Allemands ne sont même pas sûrs d'avoir remporté la victoire tant leurs pertes sont également élevées - plus de 10 000 de leurs hommes ont été tués. Leur commandement hésite à pourchasser les soldats français. Ce qui permet à ces derniers de battre en retraite jusqu'à la Marne d'où ils repousseront les Allemands, début septembre.

A Charleroi, le 22 août 1914 fut la « première bataille du XXe siècle », selon les historiens Damien Baldin et Emmanuel Saint-Fuscien - auteurs de Charleroi, 21-23 août 1914 (Tallandier, 2012). Comme à Rossignol, dans les Ardennes belges, les soldats tombent sous les balles des mitrailleuses et des fusils

Voilà brièvement ce que nous pouvons lire sur la bataille de Rossignol. 

Un Ossuaire a été érigé à l’orée des bois avec la mention : 

« Ici reposent 1108 français inconnus morts pour la France »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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