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Portraits de nos Poilus de 14/18 et Hambye 1940/1944

Portrait des combattants de 14/18 de mon village 50450 Hambye. Evénements à la libération et pendant l'occupation allemande à Hambye, Saint-Denis-le-Gast, Gavray.

Hambye sous l’occupation allemande : 1942 la Piscine

Maman raconte l’aventure du jeune Georges Richard, alors qu’elle était en consultation chez le Docteur Briand. Georges avait emprunté , malgré l’interdit, la route de la gare pour rentrer chez lui au Carrefour Goueslain. Mal lui en a pris les Allemands entrain de se baigner l’ont jeté tout habillé dans leur « piscine ».

 

Raoul Pouret, alors secrétaire de mairie, a consigné dans les registres de la commune «l’affaire de la piscine » avec précision citant les antagonistes français et allemands.

« Fin mai 1942 l’autorité locale d’occupation, la huitième batterie d’artillerie Feldpostnummer n° 35034 C.,décide d’installer une piscine pour distraire les soldats.

Les Adjudants Baier et Lamp viennent à la mairie informer M le Maire, M Auguste Potier qu’ils vont boucher sur une hauteur de deux mètres le pont du chemin de fer, situé « route de la gare » entre la maison de veuve Destigny et le gare, afin de faire monter l’Hambyotte d’autant, créant ainsi une nappe d’eau assez importante pour la baignade.

Nous leur faisons remarquer qu’un barrage de deux mètres causera l’inondation des jardins situés en amont le long de la rivière. Ils prétendent que non.

L’Adjudant-chef Kuballa demande à M. Alphonse Dolley, menuisier exploitant la scierie de la Chaussée de réaliser le barrage. Ce dernier après avoir étudié le travail , demande pour le faire la somme de 1000 francs, compris la fourniture des madriers.L’adjudant-chef estime la note exagérée et décide de faire le barrage lui-même avec ses hommes.

Les travaux commencent aussitôt ; la rivière est déblayée, les arbustes et quelques arbres sont coupés, les madriers sont amenés et le mercredi 3 juin le

barrage est terminé. L’eau monte. Elle monte même tellement bien que rapidement le jardin de M.Lorant se trouve complètement submergé. Dans sa cave il y a vint centimètres d’eau. Les courroies de transmission de la scierie de M. Dolley se trouvent sous trente cinq centimètres d’eau.

Le jeudi 4 juin à 10 h. Alphonse Dolley,monte à la Kommandantur se plaindre de cette situation. L’Oberleutnant-kommandant donne l’ordre à ses hommes d’enlever immédiatement le barrage. Cet ordre est exécuté sans retard, pour partie, par enlèvement de madriers et ouverture d’une vanne.

S’étant rendu compte qu’un barrage à un tel niveau était chose impossible sans causer de dégâts, l’adjudant-chef décide alors de faire une retenue d’un mètre de hauteur seulement.

Sur une longueur de vingt mètres environ, le lit de la rivière est à nouveau creusé et élargi jusqu’à cinq mètres approximativement.

Le samedi 6 juin , le nouveau barrage est terminé.

Vers 18 heures alors que le niveau maximum va être atteint, les soldats qui ont travaillé tout l’après-midi, quittent le « chantier » pour prendre leur repas. Le soldat Hermann est laissé sur place pour surveiller.

Madame Léa Daetwyler, auxiliaires des contributions directes, domiciliée 12 rue Alexis Carrel à Paris IXXéme en villégiature à Hambye et descendue à l’hôtel Lemiére, cédant à la prière de son neveu,âgé de 9 ans,est venue se promener dans ce coin et se trouve à cinq mètres environ du pont de chemin de fer. Vers 18h30 (heure officielle) celle-ci voit dans le pré la rivière monter d’un seul coup, emportant diverses planches, le barrage a cédé...

Le soldat de garde apparaît aussitôt vociférant en allemand et courant à droite et à gauche . Il prétend par la suite avoir vu deux hommes s’enfuir: un grand brun et un petit blond.

Léa Daetwyler, là où elle se trouvait, affirme n’avoir vu personne et l’atteste sous serment.Or il est matériellement impossible que quelqu’un soit sorti du pont sans qu’elle l’aie vu.

Madame Coursin, chef de station des chemins de fer normands était à sa fenêtre , voit le soldat arriver rapidement, mais, personne devant lui. Elle remarque par contre que le pantalon du militaire est mouillé jusqu’aux genoux.

L’adjudant-chef Kuballa aussitôt alerté prétend qu’il y a sabotage , et se met en devoir de rechercher les coupables.

Madame Daetwyler est amenée à la Kommandantur et longuement interrogée. Elle affirme toujours qu’elle n’a vu absolument personne . Sa bonne foi est évidente. Mécontents les sous-officiers allemands usent de menace et préviennent cette pauvre femme qu’ils vont l’enfermer jusqu’à ce qu’elle ait donné le ou les noms des coupables . Elle proteste avec toute son énergie et affirme que s’il doit en être ainsi elle demeurera sous les verrous tout le reste de son existence, n’ayant vu personne elle ne pourra jamais rien dire !

L’adjudant-chef exprime alors la volonté de redescendre sur les lieux de l’incident. Là, il se fait indiquer par Mme Daetwyler la place exacte où elle se trouvait, puis décide de lui rendre la liberté.

Nous devons préciser que l’enfant qui était en compagnie de cette dame est interrogé, et il affirme aussi n’avoir vu âme qui vive. Dans intervalle, vers 20 h environ le lieutenant fait annoncer à son de tambour par M. Édouard Michel, garde-champêtre, que tous les habitants du bourg, de la Chaussée et de l’Église, sont tenus de rentrer immédiatement à leur domicile et de s’y tenir enfermer jusqu’à nouvel avis.

En remontant de la piscine, les Allemands emmènent à la Kommandantur: M.Alphonse Dolley, M. François Lorant son ouvrier, M. Charles Coursin, clerc de notaire à Hambye, fils de la susdite chef de station. Pendant ce temps la garde est décuplée, et pour intimider la population des coups de fusil et de revolvers claquent de toutes parts. Les gens qui rentrent de leur travail , et qui, les pauvres ignorent tout ce qui se passe, sont arrêtés et emmenés brutalement à la kommandantur. Ce même soir à 21h30, le kommandant procède à l’interrogatoire de MM. Dolley, Lorant et Coursin.Ces trois hommes n’ayant rien vu ne peuvent donner aucun renseignement. Ils fournissent leur emploi du temps ; néanmoins un seul est relâché M. Coursin. Les deux autres sont enfermés séparément à la Kommandantur en attendant que la Felgendarmerie vienne faire l’enquête. Celle-ci fait connaître qu’elle ne pourra venir que le lundi 8 juin.

C’est donc presque deux jours que MM.Dolley et Lorant dont l’innocence ne fait aucun doute, vont devoir rester enfermés. Leurs familles sont désolées et toute la population toute entière est outrée d’une telle décision, arbitraire et injuste.

Le dimanche 7 juin, M.le Maire se rend à la Kommandantur dans l’espoir d’obtenir la libération des détenus . Peine perdue. On lui apprend seulement que la circulation est de nouveau libre pour les habitants du Bourg, de la Chaussée et de l’Église. Les familles de MM. Dolley et Lorant sont autorisées à leur apporter des vivres.

Le lundi 8 juin, la Feldgendarmerie de Granville arrive vers 13h30. Elle va se rendre compte sur place et procède à l’interrogation des deux détenus qui sont relâchés immédiatement. Mr le Maire étant absent , en tant que secrétaire de mairie, je me rends , sur leur demande, à la Kommandantur.

Je fais remarquer à la Feldgendarmerie que le barrage est certainement parti seul ; que l’adjudant-chef qui l’a construit,se disant compétent, ne sait même pas à 100kgs prés la pression existant sur son barrage ; qu’il n’existe pas dans la commune de Hambye un seul homme capable d’accomplir un tel acte de sabotage ; que si quelqu’un avait eu l’idée de commettre un tel geste , il eut attendu la nuit, et n’aurait pas procéder en plein jour , alors qu’un soldat était de garde sur les lieux et un témoin civil à proximité immédiate ; que la commune a eu presque continuellement de la troupe d’occupation depuis l’armistice et que jamais de tels actes n’ont été accomplis ; que l’attitude des sous-officiers et des soldats à cette occasion a été déraisonnable et que ceci leur vaut bien des antipathies . L’interprète convient que cette affaire est très ennuyeuse pour les deux parties.

La feldgendarmerie laisse les instructions suivantes : en cas de répétition d’un tel acte la commune devrait reconstruire l’ouvrage à ses frais , et fournir des gardes jour et nuit pour en assurer la surveillance ; le passage sera interdit sur l’ancienne voie du chemin de fer et sur le vieux chemin autour de la piscine . La commune devra fournir trois pancartes à cette fin.»

 

Raoul Pouret

Opération Barborassa 21 juin 1941 au 5 décembre 1941 va récupérer ces soldats en vacances à l’Ouest

Avec les Allemands en 1942

Cet incident s’est passé en juin 1942, Je me trouvais dans la salle d’attente du docteur Briand avec quelques autres personnes. Arrive en trombe à vélo Fernande Richard, elle entre précipitamment dans le cabinet du docteur et s’écrie : « Venez vite, je vous en supplie, les Allemands ont mis mon frère dans la rivière. »

Le docteur partit en hâte.

A son retour peu de temps après il nous rassura tous : « Il n’a pas de mal, il est seulement très choqué. Les Allemands l’ont jeté dans la rivière et le tenaient fermement sous l’eau. Il a eu très peur, il s’en remettra vite ! Ce jeune homme a commis l’erreur de ne pas tenir compte de l’interdiction de circuler sur ce chemin. »

C’était le début de l’occupation, les Allemands étaient les maîtres.

A Hambye il y avait bien une centaine de soldats. Ils logeaient chez l’habitant au Bourg, à la Chaussée, à l'Église.

Donc ce jour-là, des soldats Allemands avaient arrêté Georges Richard roulant à bicyclette sur le chemin de la Mécanique, le chemin qui relie la route de l’abbaye à la route de la Chaussée.

On l’appelle aujourd’hui la route de la gare, le ballaste était toujours en place.

Il y passait régulièrement sans être inquiété mais cette fin d’après-midi, il fut surpris par deux Allemands en faction, ils gardaient le chemin.

Ils prirent Georges, menu et gros comme un pouce, le jetèrent dans l’Hambyotte, puis le maintinrent dans l’eau, tout cela pour lui faire peur.

Il en fut traumatisé, il crut qu’il allait être noyé. Il rentra chez lui tout glacé.

Arrivé dans un si piteux état chez sa mère au Carrefour Goueslain, il affola tout le monde. C’est pourquoi sa sœur vint chercher le docteur en trombe

 

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